Le drame de l'enfance latino-américaine

Édité par Reynaldo Henquen
2018-11-29 13:56:11

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En Amérique Latine et dans les Caraïbes, une région riche, mais la plus inégale de la planète, les enfants sont les plus touchés comme en témoignent des révélations faites au cours d'un forum qui s'est tenu à Santiago du Chili où des organismes spécialisés analysent la situation de l'enfance trois décennies après l'adoption de la Convention sur les Droits de cette couche de la population.

La réunion a été convoquée par l'UNICEF, le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance, et par la CEPAL, la Commission Économique de l'ONU pour l'Amérique Latine et les Caraïbes dans le but de discuter des progrès et des reculs dans la protection des mineurs, de détecter les vulnérabilités et de proposer des solutions.

Depuis les premières interventions, un drame a commencé à se dessiner et il rappelle la phrase amère du poète uruguayen Mario Benedetti lorsqu'il a dit que l'enfance n'est pas toujours un paradis perdu, mais qu'elle est parfois un enfer insupportable.

C'est ce qui se dégage, par exemple, de l'affirmation faite par la directrice générale de l'UNESCO, María Perceval, qui a mis l'accent sur le fait que 7 millions d'enfants latino-américains sont des migrants qui, dans bien des cas, s'échappent seuls de leurs lieux d'origine à la recherche d'un endroit pour transformer leurs rêves en réalité.

Sur les 193 millions de mineurs qui vivent dans cette région, 72 millions croupissent dans la pauvreté, beaucoup dans la misère et plus de 5 millions souffrent de malnutrition. Dans le pôle opposé il y a 4 millions d'obèses, c'est-à-dire, avec de graves irrégularités dans leur régime alimentaire.

Au cours d'une conversation que j'ai eue récemment avec l'activiste guatémaltèque Branda Lemus, qui travaille avec des enfants indiens dans le Nord du Guatemala, elle a assuré que dans cette région le principal défi ne sont les bandes de délinquants, le trafic de drogue ou la violence mais la faim qui, tout simplement décime les enfants.

Branda Lemus s'est demandée comment faire un bon travail dans les écoles, quand les enfants parviennent à y accéder, alors que beaucoup d'écoliers passent jusqu'à 24 heures sans rien manger.

Mais revenant au forum dont nous parlions tout à l'heure, Mme Perceval a ajouté qu'un million 100 mille filles de moins de 14 ans soufrent chaque année de la violence sexuelle dans la région et que 3 élèves adolescents sur 10 sont victimes d'agressions dans les écoles.

« Quand les choses tournent bien pour le monde, elles tournent bien pour les enfants, mais quand le monde va mal, la situation est pire pour les enfants » a précisé la directrice générale de l'UNESCO.

« Il est vrai, a-t-elle souligné, que l'on a réussi à réduire la mortalité infantile et maternelle mais, d'autre part, les inégalités se sont accentuées et elles frappent avec acharnement les enfants les moins favorisés. Ainsi donc, par exemple, 70% des mineurs ayant un quelconque handicap se retrouvent hors du système d'enseignement ce qui les condamne à la dépendance et à la pauvreté.

Lorsque j'écrivais sur ce constat dramatique, une phrase horrifiante m'est venue à l'esprit. Elle se trouve presque au début du livre « Patas Arriba. La escuela del mundo al revés » « Sens dessus-dessous. L'école du monde à l'envers », de l'écrivain uruguayen Eduardo Galeano. La voici : beaucoup de magie et beaucoup de chance ont les enfants qui réussissent à être des enfants ».

 

 

 



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