Haiti la crise sans fin

Édité par Francisco Rodríguez Aranega
2020-03-02 13:07:08

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Par: Guillermo Alvarado.

Haïti vient de vivre une semaine de tension suite à l'affrontement armé entre des policiers et des militaires qui a ajouté de l'huile sur le feu des manifestations populaires qui revendiquent dans la rue la depuis l'année dernière la démission du président Jovenel Moïse, accusé de corruption.

Les autorités ont dû suspendre le carnaval mais cela n'a pas réussi à apaiser un pays au bord de la catastrophe marqué par la paralysie économique, le regain de la délinquance, notamment des enlèvements et l'action des groupes armés au service de divers intérêts.

Jovenel Moïse est arrivé aux trois ans de son mandat le 7 février dernier mais en réalité son gouvernement semble une fiction face à l'anarchie qui règne en Haïti et il reste à son poste uniquement grâce au soutien que lui apporte la Maison-Blanche.

Ce n'est pas un fait dû au hasard. Après une réunion surprise avec le président Donald Trump en Floride l'année dernière, Jovenel Moïse a rompu ses relations avec le président légitime du Venezuela, Nicolás Maduro, reconnu Juan Guaidó et il a changé son vote à l'OEA, l'Organisation des États Américains, suivant les ordres de Washington.

En échange la Maison-Blanche fait pression auprès des ambassades à Port-au-Port Prince des pays membres du «Core Group » formé de la France, de l'Allemagne, l'Espagne, du Brésil et du Canada en sorte que l'opposition négocie avec Moïse une issue politique de la crise au lieu d'exiger sa démission.

Mais indépendamment du départ ou non du président Moïse, Haïti vit un nouveau chapitre d'une crise sans fin dont les racines plongent dans les jours qui ont suivi la victoire de la révolution des esclaves en 1804 et la vengeance des puissances coloniales qui ont fait échouer cet exploit historique.

Si l'on veut prendre un point de repère plus proche dans le temps, l'économiste, cinéaste et professeur Arnold Antonin, a rappelé dans un article récent qu'après la chute de la dictature du clan Duvalier en 1986, quand on a cru à la refonte du pays sur des bases démocratiques, on a assisté à tout le contraire.

Depuis, signale l'analyste, il y a eu huit coups d'État, 34 changements de gouvernement à cause du remplacement du Premier ministre, cinq élections avortées, trois interventions militaires étrangères et cinq missions de l'ONU pour la stabilité et la paix, en plus d'un séisme violent.

Il est vrai qu'en 1987, une Constitution très avancée a été adoptée mais dans la pratique elle est lettre morte. Le respect des droits humains n'existe pas dans un pays divisé entre une majorité plongée dans une pauvreté brutale et une coupole qui se livre aux même ruses que les Duvalier.

Dans ce panorama de crise, les armées privées pullulent, y compris avec des mercenaires étrangers. En 2019, précise Antonin, il y avait 77 groupes armés, dont quelques-uns oscillent entre la sécurité privée et de véritables gangs.

D'autres gouvernements viendront et partiront mais les choses resteront pareilles pour le peuple qui a besoin, peut-être, d'une autre révolution profonde comme celle qui a surpris le monde en 1804.


 



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