
Strasbourg, 7 mai (RHC) Des secteurs de l'extrême droite et de la droite européenne insistent pour faire dérailler le rapprochement entre l'Union européenne (UE) et Cuba initié en 2016, une croisade qui s'est une fois de plus heurtée ici aux défenseurs du dialogue et de la coopération.
Promu par le Parti populaire européen et l'extrême droite, un nouveau débat s'est tenu la veille au siège strasbourgeois du Parlement européen, le neuvième, pour tenter de mettre l'île au banc des accusés sur la question des droits de l'homme, mais c'est le blocus américain qui s'est retrouvé dans cet état.
Au-delà des attaques contre la nation antillaise, on pourrait dire, à en juger par ce qui s'est passé dans cette ville de l'est de la France, que l'action visant à discréditer l'accord de dialogue politique et de coopération entre l'UE et Cuba, signé en 2016, même défendu par la Commission européenne, la branche exécutive du bloc des 27, a échoué.
Cet accord n'est pas un moyen d'ignorer nos différences, mais un moyen de les aborder, a déclaré Kaja Kallas, vice-présidente de la Commission européenne et haute représentante pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, lors du forum.
Mme Kallas a insisté sur la pertinence du dialogue, sur les domaines d'échange existants, notamment la transition écologique et la modernisation économique, et sur le droit d'un pays souverain à prendre ses propres décisions.
La Haute représentante a repris dans ses discours le discours anti-cubain sur les droits de l'homme, tout en soutenant l'initiative et en soulignant les liens historiques entre l'île des Caraïbes et le vieux continent.
Pour plusieurs députés ayant participé au débat, pointer du doigt Cuba et critiquer l'accord est une position hypocrite qui fait le jeu du blocus économique, commercial et financier que les Etats-Unis imposent à la plus grande des Antilles depuis plus de six décennies.
Avec quelle autorité parlent-ils des droits de l'homme alors que l'élite européenne soutient le génocide à Gaza, a averti l'eurodéputée espagnole Irene Montero, membre de Podemos et du groupe de gauche au Parlement européen.
Mme Montero a déclaré qu'à l'heure de la guerre commerciale lancée par le président Donald Trump contre le monde, la menace que représente le blocus américain pour le commerce et les droits de l'homme à Cuba peut être mieux comprise.
Ce siège empêche l'achat de médicaments et de produits de première nécessité ; toutes les nations, y compris les 27 nations de l'UE, demandent la fin du blocus, sauf les États-Unis et l'État terroriste d'Israël ; c'est Washington et non Cuba qui devrait figurer sur la liste des promoteurs du terrorisme, a-t-il déclaré.
Pour sa part, Leïla Chaibi (La France Insoumise) a rappelé l'accueil chaleureux réservé aux médecins cubains venus sur le vieux continent pour affronter le Covi-19.
« Aujourd'hui, la droite et l'extrême droite veulent suspendre l'accord UE-Cuba. Hypocrites, à qui obéissez-vous, aux intérêts de Trump même dans cet hémicycle, honte à vous », a-t-il déclaré.
M. Chaibi a exhorté l'UE à dire assez aux sanctions que Trump a l'intention de durcir contre le pays des Caraïbes et a évoqué la condamnation répétée du blocus à l'ONU.
L'Espagnole Ana Miranda (Bloque Nacionalista Gallego) a également dénoncé la croisade contre le pays des Caraïbes et la tentative de certains membres du Parlement européen de revenir à l'époque de José María Aznar, chef du gouvernement espagnol qui a promu la soi-disant position commune dans les années 1990, par laquelle les relations avec Cuba ont été rompues.
Ils sont complices du blocus et ne se soucient pas de la souffrance d'un peuple honnête, courageux et solidaire comme le peuple cubain, comme nous l'avons vu hier lorsqu'ils ont empêché un débat sur Gaza. Pourquoi ne demandent-ils pas l'annulation de l'accord UE-Israël, a-t-il ajouté. Selon M. Miranda, la droite et l'extrême droite s'attaquent au dialogue avec Cuba parce qu'elles préfèrent la haine à la coopération.
Des députés européens de Belgique, d'Espagne, de France, d'Italie et du Portugal ont participé hier à un forum au Parlement européen de Strasbourg, au cours duquel ils ont apporté leur soutien à l'île, rejeté le blocus américain et souligné l'importance de l'accord contesté.
L'ambassadeur de Cuba en France, Otto Vaillant, invité à la réunion, a expliqué certains aspects de la réalité cubaine, notamment les conséquences du blocus pour ses habitants.
Le diplomate a partagé des détails sur le renforcement de la guerre économique contre Cuba, avec des mesures telles que sa réinscription par Trump sur la liste unilatérale des pays soutenant le terrorisme.
Il a également souligné la résistance du peuple cubain et a remercié la solidarité internationale, et en l'occurrence l'accompagnement des députés européens (Source:PL).