Auteur : Guillermo Alvarado
Près de 15,7 millions de Chiliens se rendront aux urnes dimanche prochain pour élire leur prochain président au second tour. Ils devront choisir entre deux visions diamétralement opposées pour le pays : l’une liée à l’extrême droite la plus réactionnaire, l’autre au progressisme et à la social-démocratie.
D’un côté, José Antonio Kast, né au Chili de parents allemands ayant émigré après la Seconde Guerre mondiale, fuyant en partie les ravages du conflit et en partie la nécessité d’échapper à la justice, son père, Michael Kast, ayant été membre du parti nazi dès l’âge de 18 ans.
Nul ne peut dire quelle influence le père a exercée sur son fils, mais il est clair que ce dernier professe une idéologie proche de celle de Vox en Espagne, de Réunification nationale en France ou d’Alternative pour l’Allemagne au pays de ses ancêtres.
Son programme est étroitement lié aux idées néolibérales les plus fondamentales dans les domaines économique et politique. Il admire Donald Trump, Nayib Bukele du Salvador et son voisin, Javier Milei, entre autres personnalités du même acabit.
Concernant les migrants, il affirme qu’il expulsera 330 000 immigrants sans papiers et n’exclut pas de séparer les parents de leurs enfants nés au Chili.
De l’autre côté, on trouve Jeannette Jara, qui, de son propre chef, peut désormais être considérée comme une ancienne membre du Parti communiste du Chili, lequel fait partie de la coalition qui la soutient, aux côtés du Parti socialiste, du Front large, des Démocrates-chrétiens et d’autres formations centristes.
Mme Jara a été ministre du Travail sous le gouvernement de Gabriel Boric et est à l’origine d’une réforme partielle des retraites et de la réduction progressive de la semaine de travail à 40 heures.
Les deux candidats s’accordent sur l’urgence de lutter contre la violence et le crime organisé, de plus en plus enracinés dans le pays, même s’ils proposent des approches différentes. Mme Jara, par exemple, est favorable à la levée du secret bancaire pour permettre le suivi des flux financiers, une mesure à laquelle s’opposent M. Kast et la droite en général.
Kast propose de baisser les impôts des plus riches, soi-disant pour stimuler la création d’emplois, et de réduire drastiquement la taille de l’État en licenciant des dizaines de milliers de fonctionnaires.
Au premier tour, Jara l’a emporté avec 26,9 % des voix, et Kast est arrivé deuxième avec 23,9 %, mais cela s’explique par la division de l’électorat de droite et d’extrême droite. Désormais, le républicain a reçu le soutien des conservateurs et de leurs franges les plus radicales, et sauf surprise de taille, tout porte à croire qu’il deviendra le prochain occupant de la Moneda (le palais présidentiel).
Un pas de plus vers les forces obscures de la politique dans la région.
CHILI
