Par María Josefina Arce
Manifestations, déclaration de l’état d’urgence dans sept provinces et couvre-feu nocturne dans cinq d’entre elles pour mettre fin à une grève nationale, ainsi que la confrontation du président Daniel Noboa avec la Cour constitutionnelle caractérisent le paysage équatorien, où la violence persiste.
La décision du gouvernement de supprimer la subvention au diesel a suscité l’opposition de nombreux secteurs, notamment les transporteurs, les syndicats et les populations autochtones, qui craignent une hausse excessive des prix et l’inflation.
Des manifestations ont déjà été signalées dans certaines régions et pourraient s’intensifier, compte tenu de l’appel à une grève nationale lancé par la CONAIE, la Confédération des nationalités autochtones de l’Équateur, qui se déroule par étapes sur les différents territoires.
La plus grande organisation indigène du pays a dénoncé le fait que le gouvernement, au lieu d’affecter les économies réalisées grâce à la suppression de la subvention au diesel à des mesures d’incitation productives et sociales, comme il le prétend, cherche à se conformer aux dispositions du FMI (Fonds monétaire international).
La situation actuelle rappelle à de nombreux Équatoriens les tentatives de mise en œuvre d’une mesure similaire par les anciens présidents Lenín Moreno (2017-2021) et Guillermo Lasso (2021-2023), qui ont suscité de vives protestations.
En réponse aux appels à la mobilisation, le président Noboa a déclaré l’état d’urgence dans sept des 24 provinces équatoriennes. Cette mesure sera prolongée de 60 jours à Carchi, Imbabura, Cotopaxi, Pichincha, Azuay, Bolívar et Saint-Domingue.
Sur fond de tensions sociales, le président est également engagé dans une confrontation ouverte avec la Cour constitutionnelle. Noboa a appelé à un référendum pour établir une Assemblée constituante, sans soumettre au préalable l’initiative à la plus haute cour du pays, comme l’exige la loi équatorienne.
Les experts estiment qu’il s’agit d’une grave atteinte à l’État de droit et d’un dangereux précédent. La Cour constitutionnelle a suspendu temporairement le décret 148 relatif à l’Assemblée constituante, mais le président a publié un autre décret samedi dernier réitérant cet appel.
Il s’agit d’un nouveau chapitre dans la confrontation entre Noboa et la Cour suprême, qui avait déjà bloqué cinq des huit questions d’une précédente proposition de référendum présentée par l’exécutif.
Rappelons que le président a mené des manifestations à Quito, la capitale, et à Guayaquil contre la Cour constitutionnelle, qu’il accuse de limiter une série de lois et d’états d’urgence, qui ont également donné lieu à de multiples poursuites pour inconstitutionnalité.