Par Roberto Morejón
Ce n’est pas seulement Cuba qui bénéficierait de la levée du blocus économique, commercial et financier que Washington a officiellement décrété contre notre pays en février 1962, il se trouve que les États-Unis en bénéficieraient aussi. La récente visite à Cuba du secrétaire étasunien à l’agriculture a motivé cette réflexion.
De hauts fonctionnaires et des chefs d’entreprises des États-Unis s’accordent à signaler que les possibilités s’ouvrant aux échanges avec Cuba dans le domaine de l’agriculture contribueraient à débrousser le chemin vers la complète normalisation des relations entre les deux pays, un chemin barré par le blocus étasunien.
Au cours d’une récente visite à Cuba, le secrétaire étasunien à l’agriculture, Thomas Vilsack, a souligné que son but était de connaître la portée et les limitations s’opposant aux échanges dans le domaine de l’agriculture, un processus qui ne peut pas s’établir dans les deux directions à cause de la persistance du blocus.
S’il est vrai que les exemptions adoptées en 2001 permettent encore de nos jours à Cuba d’acheter des aliments aux États-Unis, le volume des achats s’est réduit de 37% au premier semestre de cette année à cause de l’inexistence de crédits et de l’interdiction qui pèse sur Cuba d’utiliser le dollar pour ces transactions.
Le président Obama a signé en janvier et en septembre des mesures qui assouplissent quelques unes des sanctions économiques contre Cuba mais elles sont encore insuffisantes pour normaliser les échanges commerciaux, y compris dans le domaine de l’agriculture.
Thomas Vilsack a fait à La Havane des déclarations l’engageant à chercher une solution afin d’éliminer les barrières qui entravent le commerce bilatéral. Il a également fait allusion aux efforts à déployer pour obtenir que chaque conteneur arrivant à Cuba retourne aux États-Unis avec des produits cubains.
Le secrétaire étasunien à l’agriculture a également promis de promouvoir la coopération entre des scientifiques et des producteurs des deux pays en matière phytosanitaire.
Il a également salué avec enthousiasme les résultats de l’agriculture urbaine à Cuba et les déclarations faites par des représentants du puissant secteur de l’industrie agroalimentaire en faveur de la levée du blocus.
En effet, Cuba a accueilli cette année des personnalités comme Asa Hutchinson, gouverneur de l’Arkansas, un état fort dans le domaine de la production agro-alimentaire.
Des délégations de Caroline du Nord et bon nombre d’agriculteurs intéressés aux liens avec Cuba ont imité le gouverneur Hutchinson.
A Washington, la Coalition agricole exerce son influence sur des milieux politiques en faveur de la levée des sanctions qui empêchent la réalisation d’affaires normales entre les deux pays.
Les Cubains considèrent aussi que le domaine agricole est un angle important pour l’avenir des échanges. Mais toutes ces démarches ont très peu de chances de réussir si le Congrès des États-Unis ne démonte pas le blocus de toutes ses pièces.