Par Guillermo Alvarado
Les résultats des élections présidentielles et législatives qui se sont tenues dimanche dernier au Chili ont confirmé les pires craintes d’une grande partie de la population : les groupes d’extrême droite ont remporté des sièges importants et tout porte à croire qu’ils gouverneront le pays.
Jeannette Jara, représentant les secteurs progressiste, social-démocrate et démocrate-chrétien, a remporté le premier tour, comme l’avaient prédit les sondages, mais elle devra mener une bataille difficile au second tour face à José Antonio Kast, du Parti républicain d’extrême droite.
Membre du Parti communiste, JeanetteJara a minimisé son appartenance à ce parti par la suite, allant même jusqu’à déclarer qu’elle pourrait le quitter si elle était élue. Elle a obtenu 26,8 % des voix, tandis que José Antonio Kast est arrivé deuxième avec 23,9 %. Mathématiquement, il a cependant de fortes chances de remporter le second tour le 14 décembre.
L’équation est très simple : Jara représente huit groupes politiques, mais ils ne disposent quasiment plus de voix, tandis que son rival bénéficie déjà du soutien du Parti national libertaire, également d’extrême droite, et de la coalition de droite traditionnelle Chile Vamos, ce qui pourrait lui apporter près de 25 % de voix supplémentaires et lui garantir la victoire au second tour.
Les raisons de cet échec annoncé sont multiples, et la première est que le Chili n’est pas à l’abri de la vague d’extrémisme qui déferle sur le monde, au point que lors de cette élection, deux des huit candidats – Kast et le libertaire Johannes Kaiser – représentaient ce courant.
José Antonio Kast, fils d’un ancien soldat nazi ayant émigré au Chili après la Seconde Guerre mondiale, est une copie conforme de Vox en Espagne, de Meloni en Italie, de Marine Le Pen en France, de Milei en Argentine, de Novoa en Équateur, de Bukele au Salvador et, bien sûr, de Donald Trump aux États-Unis.
Au Chili, nombreux sont ceux qui adhèrent à cette idéologie, qui haïssent les immigrants, ignorent les communautés autochtones et méprisent la soi-disant classe moyenne.
De plus, le gouvernement actuel, dirigé par Gabriel Boric, a déçu une partie de la population en ne pas tenant ses promesses et en perpétuant les problèmes des administrations précédentes : corruption, inefficacité administrative, système judiciaire incohérent et insécurité croissante.
De nombreuses familles peinent à joindre les deux bouts avec leurs revenus ; beaucoup n’arrivent même pas à tenir jusqu’à la mi-mois. Les pensions, bien que légèrement augmentées, sont loin de couvrir le coût de la vie, et les services de santé et d’éducation n’ont pas progressé.
Nombreux sont ceux qui espèrent une amélioration avant le 14 décembre, mais ce n’est pas le moment des miracles, plutôt celui des dures réalités.
Photo: AP /Natacha Pisarenko/ Esteban Félix)
