La maison ExclusivesFidel, l’art de la parole : Le discours historique de quatre heures à l’ONU

Fidel, l’art de la parole : Le discours historique de quatre heures à l’ONU

par Reynaldo Henquen

Il y a soixante-cinq ans, toutes les conventions étaient brisées au sein de l’Assemblée générale des Nations Unies. Le 26 septembre 1960, Fidel Castro, alors Premier ministre de Cuba et chef de sa délégation officielle auprès de l’ONU, prononçait le plus long discours de l’histoire de cette organisation internationale.

Il arriva vêtu de ce qui deviendrait plus tard sa tenue habituelle – l’uniforme vert olive – et parla pendant quatre heures et 29 minutes. Son discours commença à 15h15 et se termina à 19h44 (heure des États-Unis). Cependant, ce n’est pas seulement la longueur de son intervention à la tribune qui fit la renommée de Fidel.

C’est à cette occasion qu’il prononça l’une de ses phrases les plus acclamées et les plus citées : « Que disparaisse la philosophie du pillage, et la philosophie de la guerre disparaîtra !» « Que disparaissent les colonies, que disparaisse l’exploitation des pays par les monopoles, et alors l’humanité aura atteint un véritable progrès ! » Il convient de noter que cette maxime, bien loin de son application dans le monde actuel, retrouve toute sa pertinence.

Il a offert une leçon d’histoire nationale, mais aussi un véritable cours magistral d’histoire universelle. Il a évoqué les défis auxquels Cuba a été confrontée durant ces années et les nombreuses avancées réalisées pour le peuple depuis le triomphe de 1959. Il a expliqué les nationalisations et la loi de réforme agraire, et a argumenté sur l’impact de ces mesures sur les grands monopoles impérialistes, dont les intérêts économiques, lorsqu’ils ont été touchés, avaient déjà conditionné la guerre initiale du gouvernement américain contre la jeune Révolution.

Nous avons évoqué ici le cas de Cuba. Notre cas nous a été révélateur, compte tenu des problèmes que nous avons rencontrés avec notre impérialisme, c’est-à-dire l’impérialisme qui nous est hostile… Mais, en fin de compte, tous les impérialismes sont identiques et tous alliés. « Un pays qui exploite les peuples d’Amérique latine ou de toute autre partie du monde est un allié dans l’exploitation des autres peuples du monde. »

Convaincu que « le problème de Cuba n’est rien d’autre qu’un exemple de ce qu’est l’Amérique latine » ou des problèmes du reste du monde « divisé entre les monopoles », Fidel a fait preuve de culture, de diplomatie et d’une maîtrise de la géopolitique internationale, et a rappelé l’importance de l’ONU et de la coexistence pacifique entre les nations. Il ne s’est pas satisfait de ceux qui y étaient représentés, mais a plutôt plaidé pour l’inclusion de ceux qui, comme la Chine, avaient été exclus, privés de voix ni de vote au sein de cette instance.

Le dirigeant, âgé d’à peine 34 ans, n’a pas hésité à appeler à la paix et au désarmement. Ses propos semblent pertinents dans ce contexte. ère : « Le monde est de plus en plus englouti par les dangers de la guerre (…) et la guerre est un business (…) les colonialistes sont les ennemis du désarmement.»

Avec son courage habituel, il a désigné les responsables de l’insécurité mondiale :

« Le gouvernement des États-Unis ne peut se tenir aux côtés du peuple algérien, car il est allié à la mère patrie, la France. Il ne peut se tenir aux côtés du peuple congolais, car il est allié à la Belgique. Il ne peut se tenir aux côtés du peuple espagnol, car il est allié à Franco. Il ne peut se tenir aux côtés du peuple portoricain, dont il détruit la nationalité depuis 50 ans. Il ne peut se tenir aux côtés des Panaméens, qui réclament le canal. Il ne peut se tenir aux côtés de la montée du pouvoir civil en Amérique latine, en Allemagne ou au Japon. Il ne peut se tenir aux côtés des paysans qui réclament des terres, car ils sont alliés aux grands propriétaires terriens. Il ne peut se tenir aux côtés des travailleurs qui réclament de meilleures conditions de vie, où que ce soit dans le monde, car ils sont alliés aux monopoles.» Elle ne peut se ranger du côté des colonies qui veulent se libérer, car elles sont alliées des colonisateurs (…) Elle ne peut se ranger du côté de l’intégrité et de la souveraineté des peuples. Pourquoi ? Parce qu’ils ont besoin de restreindre la souveraineté des peuples pour maintenir leurs bases militaires, et chaque base est un poignard planté dans la souveraineté, chaque base est une souveraineté tranchée.

Soixante ans après ce discours qui a secoué le célèbre siège des Nations Unies, il reste gravé dans la mémoire historique, non seulement parce qu’il détient le record des applaudissements les plus longs à ce jour, ou parce qu’il a reçu une trentaine d’applaudissements à mi-parcours, suivis d’une longue ovation à la fin, mais surtout parce qu’il contient une analyse complète des conditions (objectives et subjectives) qui maintiennent le monde divisé entre oppresseurs et opprimés, exploiteurs et exploités. Et, bien sûr, parce qu’il a formulé une déclaration de principes ferme à suivre – encore aujourd’hui :

« En bref, nous soutenons toutes les nobles aspirations de tous les peuples. Telle est notre position. Nous soutenons tout ce qui est juste et nous nous opposerons toujours : contre le colonialisme, contre l’exploitation, contre les monopoles, contre le militarisme, contre la course aux armements, contre les jeux de guerre. Nous nous opposerons toujours à cela. Telle sera notre position.»

Source Fidel soldado de ideas

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