La cruauté impériale

Édité par Reynaldo Henquen
2022-06-15 11:40:42

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Par Guillermo Alvarado

En avril dernier, le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a annoncé un plan visant à expulser les demandeurs d'asile sans papiers vers le Rwanda. On aurait pu alors penser qu’il s’agissait d'un délire xénophobe, une création d'esprits pervers qui ne connaissent pas de limites.

Ce qui semblait être un cauchemar à l'époque est aujourd'hui une réalité honteuse entérinée par les tribunaux britanniques. Ceux-ci ont rejeté succesivement les appels présentés par des organisations de défense des migrants, qui traversent chaque année la Manche par milliers à la recherche d'une vie meilleure.

Le gouvernement Johnson a conclu l'accord avec les autorités rwandaises comme s'il s'agissait d'un achat et d'une vente ordinaires de chair humaine. Après l'arrivée du premier vol sur le pays africain, prévue pour lundi mais arrêtée à la dernière minute par les tribunaux européens, elles recevront 120 millions de livres sterling.

Cette interruption ne signifie toutefois en rien la fin du programme qui a déjà le feu vert des principaux organes de justice britanniques et qui est signé avec le Rwanda, une nation au passé douteux en matière de protection des droits de l'homme.

L'aspect le plus indécent de l'affaire est peut-être que c'est la ministre britannique de l'Intérieur, Pritti Patel, dont la mémoire semble avoir été brouillée par la position qu'elle a prise en 2019, alors qu'elle est, elle-même, la fille de deux humbles citoyens originaires du Gujarat en Inde.

Si ses parents avaient été traités comme elle propose de traiter les autres, elle serait née dans la capitale rwandaise de Kigali, et non à Londres.

Peu après l’annonce du gouvernement Johnson au mois d’avril, Tim Naor Hilton, directeur général de Refugee Action, a déclaré que le plan est une manière lâche, barbare et inhumaine de traiter les personnes qui fuient la guerre et d'autres maux.

L'événement malheureux de Johnson et de sa ministre de l'intérieur n'est rien d'autre qu'une façon de se laver les mains, avec une eau plutôt sale d'ailleurs, en envoyant les demandeurs d'asile à sept mille kilomètres de Londres.

Mais c'est ce même gouvernement qui prétendait vouloir accueillir ceux qui fuyaient la guerre en Europe de l'Est, des réfugiés d'Ukraine qui, bien sûr, sont blonds et ont les yeux bleus.

Le chef du gouvernement britannique n'a pas été inquiété par le fait que 23 évêques, qui occupent un nombre égal de sièges à la Chambre des Lords, ont déclaré que la déportation des sans-papiers vers le Rwanda couvrait de honte  toute la nation.

On peut s'attendre à tout de la part de Johnson, le pire étant le plus probable, et quant à Mme Patel, elle ne fait que démontrer la sagesse du dicton populaire selon lequel «Qui se ressemble s’assemble».



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