Par Maritza Gutiérrez González
Comme le soulignent à juste titre analystes et experts, les hausses tarifaires généralisées imposées par Trump cette année s’inscrivent dans une stratégie plus large d’attaques américaines contre le système international de libre-échange.
Par ailleurs, et conformément aux règles du jeu de la domination américaine depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la Chine gagne en importance et menace déjà cette hégémonie dans les domaines économique, technologique et monétaire. D’où l’obsession et l’imposition inconsidérée de droits de douane sur les produits chinois, même si cette guerre commerciale dépasse le cadre du géant asiatique.
De son côté, depuis 2014, la Russie est confrontée à une série de sanctions visant à paralyser son économie. Si ces sanctions n’ont pas atteint leurs objectifs, elles ont néanmoins accéléré le processus d’intégration du groupe des BRICS, par exemple, et la stratégie commerciale du géant slave, qui cherche à explorer de nouveaux horizons dans ses relations commerciales.
Ainsi, marquant un tournant significatif dans les relations commerciales russo-chinoises, l’envoyé spécial du président russe, Boris Titov, a récemment déclaré que la Russie était en mesure de remplacer intégralement les produits laitiers et à base de soja américains sur le marché chinois. Cette annonce de Moscou souligne non seulement la volonté de la Russie de renforcer ses liens économiques avec la Chine, mais soulève également des questions quant à la redéfinition du paysage agricole mondial dans le contexte actuel de tensions géopolitiques.
Boris Titov, envoyé spécial du président russe
M. Titov a insisté sur le fait que l’offre russe ne se limite pas aux produits à base de soja et aux produits laitiers, mais inclut également le lait en poudre, le poisson et le vin, suggérant ainsi une approche globale du marché chinois. Son affirmation selon laquelle les produits agricoles russes sont perçus comme plus « propres » par les consommateurs chinois met en lumière une stratégie visant à tirer profit de la demande croissante d’aliments sains et sûrs dans le pays asiatique.
De toute évidence, alors que les tensions économiques entre les États-Unis et la Chine persistent, cette proposition apparaît comme une alternative viable susceptible de modifier l’équilibre des pouvoirs dans l’agriculture mondiale.
Par ailleurs, Titov a souligné la possibilité d’accroître les importations d’équipements chinois, suggérant que, malgré les sanctions, les entreprises russes recherchent de nouvelles opportunités commerciales. La comparaison des prix et de la qualité des machines chinoises et européennes met en évidence une évolution de la perception des produits fabriqués par le géant asiatique, reflétant une quête d’efficacité et de durabilité en ces temps incertains.
Cependant, interrogé sur les conséquences d’une levée des sanctions – une perspective peu probable compte tenu de la situation actuelle, où les sanctions contre la Russie semblent illimitées, à l’instar du projet de Trump de reconstruire un nouvel ordre mondial, non plus fondé sur le libre-échange et soutenu par plus de 800 bases militaires à travers le monde –, Titov a déclaré avec force : « Des décisions ont déjà été prises sur de nombreux points.»
En d’autres termes, à bon entendeur, salut.
