Evan L. Pettus
La nomination du lieutenant-général Evan Pettus à la tête du Commandement Sud des États-Unis, une unité stratégique, compte tenu de sa vaste expérience du combat, pourrait être plus en phase avec la nouvelle politique de sécurité hémisphérique présentée par le président Donald Trump.
Le général Pettus a pris ses fonctions, à titre intérimaire, le 12 décembre, suite au départ anticipé à la retraite de l’amiral Alvin Holsey. Le Commandement Sud a commencé à rendre compte directement des attaques cinétiques menées contre ce que la Maison Blanche a qualifié de « narco-bateaux », et le 15 décembre a enregistré la journée la plus meurtrière depuis le début de ces opérations, trois mois auparavant.
Ces attaques cinétiques ont débuté il y a trois mois dans le sud de la mer des Caraïbes, sous la pression de Washington sur le gouvernement de Nicolás Maduro, accusé d’être un « narco-terroriste », et se sont étendues aux eaux territoriales colombiennes. Parallèlement, la Maison Blanche a également critiqué le gouvernement de Gustavo Petro pour son inefficacité dans la lutte contre le trafic de drogue.
Le départ à la retraite du précédent commandant du Commandement Sud a été un événement marquant pour les analystes. L’amiral Alvin Holsey a quitté ses fonctions après avoir pris le commandement en novembre 2014, succédant à la générale Laura Richardson. Il a pris sa retraite prématurément après seulement un an à ce poste, une situation inhabituelle pour un commandement unifié de combat dont le mandat est généralement de trois ans. Les opérations militaires ordonnées par Trump dans l’hémisphère doivent être menées depuis le Commandement Sud.
Selon le New York Times, la retraite de Holsey n’était pas volontaire au sens traditionnel du terme. Bien que l’amiral ait insisté, lors d’une réunion à huis clos avec des parlementaires, sur le caractère « personnel » de sa décision et son absence de lien avec les opérations en cours, plusieurs responsables du Pentagone et du Congrès ont fait état de tensions avec le secrétaire à la Défense, Pete Hegseth. Les agences de presse internationales ont souligné que, dans son discours d’adieu, Holsey avait évité d’évoquer les opérations militaires ordonnées par Trump, se contentant de mettre l’accent sur la coopération régionale.
Holsey, fort d’une carrière de 37 ans dans la Marine axée sur les opérations aériennes et navales et le développement d’alliances, avait privilégié la coopération avec les partenaires régionaux durant son bref mandat, notamment par des visites en Argentine et au Paraguay, et sa participation à des conférences de défense sud-américaines.
Le profil du nouveau commandant, Evan Pettus, suggère une orientation différente, bien que sa nomination soit temporaire. Diplômé de l’Académie de l’Air Force en 1994, Pettus totalise plus de 2 700 heures de vol sur avions de combat et possède une expérience des opérations militaires réelles, notamment en Irak. Ce profil de pilote de chasse ayant une expérience directe des missions létales contraste avec l’approche plus diplomatique et navale de Holsey.
La nomination de ce nouveau commandant du Commandement Sud a coïncidé avec la décision du gouvernement de Trinité-et-Tobago d’autoriser l’utilisation de ses bases aériennes par les avions militaires américains, ce qu’il avait refusé de faire ces dernières semaines. Le départ de Holsey élimine un facteur de modération potentiel, et l’arrivée, même temporaire, de Pettus instaure un commandement plus opérationnel dans le domaine du combat aérien. Dans un contexte de tensions croissantes, cela pourrait se traduire par une approche plus agressive de la part du commandement Sud.
